Vatican (Religion)
Joseph Ratzinger devient Benoît XVI

Le plus conservateur, le plus traditionaliste, le plus moraliste des cardinaux a été élu pape, faisant mentir le dicton selon lequel celui qui entre pape au conclave en ressortira cardinal. C'est donc le cardinal allemand Joseph Ratzinger, chef de file des conservateurs, qui a été élu pape par ses pairs, 17 jours après la mort de Jean Paul II, devenant ainsi le huitième pape allemand de l'Histoire et le premier depuis près de 500 ans. À 78 ans, il devient Benoît XVI, en hommage à Benoît XV, resté dans l'histoire comme le pape de la Première Guerre mondiale, pape de la paix.La forte personnalité de Joseph Ratzinger, doyen des cardinaux, avait dominé la période préparatoire qui a précédé le conclave, marquée par 12 congrégations générales. Champion du camp conservateur, préfet sortant de la congrégation pour la doctrine de la foi, l'un des rares à avoir l'expérience des deux précédents conclaves en 1978, le cardinal Ratzinger était présenté comme le mieux placé pour succéder à!
Jean Paul II, dont il était proche. Son intransigeance doctrinale rassure l'aile conservatrice pour laquelle Jean Paul II était allé trop loin dans la repentance de l'Eglise concernant son histoire et dans le dialogue avec les autres religions. Mais elle rebute ceux qui souhaitent une Église sachant concilier affirmation des dogmes et dialogue avec la société. Joseph Ratzinger est l'auteur de la lettre aux évêques de 2003 qui voulait interdire toute reconnaissance des couples du même sexe. Lors de l'élection de Silvio Berlusconi, Altan, le Plantu italien, avait publié dans l'hebdomadaire L'espresso un dessin d'un homme de gauche disant à un autre homme de gauche: «Ça aurait pu être pire». L'autre répondait: «Non». La scène s'est rejouée au Vatican hier. par Giacomo Leso
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Réactions à l'élection du nouveau pape
C'est «le pape qu'il nous faut», a
déclaré Christine Boutin, tandis que le vicaire de l'Opus Dei en
France, l'abbé Antoine de Rochebrune, a estimé que l'élection de
Joseph Ratzinger à la papauté était «une bénédiction pour l'Église». Les associations LGBT et de lutte contre le sida n'ont évidemment pas le même point de vue. «Nous
sommes profondément déçus et pleins d'amertume par l'élection d'un pape
férocement homophobe et ennemi juré de la communauté lesbienne, gay et
transsexuelle italienne et internationale», a déclaré dans un communiqué le député italien Franco Grillini, président honoraire de Arcigay. «C'est un choix qui ne nous permet de ne rien espérer de bien pour l'avenir», a regretté l'association américaine des parents et amis de gays et de lesbiennes (PFLAG). «C'est le pire choix possible», pour le collectif des associations LGBT espagnoles. Cette élection du pape Benoît XVI «rend les choses très claires sur la direction de l'Église»
catholique, a estimé le révérend Paul Fairley qui dirige la
Metropolitan Church, une église qui accueille des chrétiens protestants
et catholiques dans le quartier gay de Castro, à San Francisco. En
France, ProChoix rappelle que Joseph Ratzinger «a
notamment proposé aux évêques américains que les hommes politiques
favorables au droit à l'avortement soient excommuniés. Une mesure — que
les évêques ont refusé — visant clairement John Kerry». À Londres, Brett Lock, d'OutRage!, souligne que le «pape
Jean-Paul II, avec Ratzinger, l'Inquisiteur, à ses côtés, a balayé tous
les efforts de réformation sociale de ses prédécesseurs».
La déception des militants LGBT est partagée par certains catholiques,
représentés notamment par MGR Jacques Gaillot. Interrogé par l'AFP,
celui-ci estime: «C'est une
déception. D'abord parce que c'est quelqu'un qui a 78 ans, et surtout,
parce que c'est le gardien du temple, de la doctrine, celui qui
maintient, qui ne permet pas la nouveauté. Ce soir, je pense à ceux qui
se sentent exclus dans l'Eglise aujourd'hui, les divorcés remariés, les
prêtres mariés, les théologiens écartés et interdits d'enseignement. Je
pense aux homosexuels, aux femmes qui veulent prendre des
responsabilités dans l'Eglise, qui veulent être accueillies comme
prêtres.»