TAGS...
Mots Murs Maux ???

Omnipresents dans notre environnement urbain, les tags et graffitis et principalement les tags fleurissent sur nos murs, nos portes, les palissades de chantiers, les boîtes aux lettres et autres supports. Pours certains un moyen de libre expression, de contestation, pour d'autres des gribouillis inesthétiques, ils sollicitent notre regard, et nous interpellent face à ces besoins non satisfaits d'espaces d'expression artistique accessibles à tous.


De la préhistoire aux temps modernes en passant par le moyen âge, l'homme a toujours laissé un signe, une trace pour rappeler son existence, son passage sur terre. Ainsi des parois des grottes aux murs des cellules de prisons, en passant par ceux des WC publics, on trouve de tous temps de vagues ancêtres de nos modernes tags.

Une rapide définition pour les différencier : le Tag c'est une signature, alors que le
Graffe s'apparente à une peinture ou fresque murale.

Le phénomène tags et grafs n'a véritablement explosé que dans les années 60-70 notamment aux Etats Unis ou il est devenu partie intégrante de la culture Hiphop. Mais il s'est tres vite exporté. De la craie utilisée au tout début mais trop lente à couvrir et remplir l'espace approprié, les tageurs et graffeurs sont vite passés au marqueur large, couvrant ,rapide, puis au feutre extra large. Le but était de remplir un maximum d'espaces dans des endroits tres fréquentés par le public ( stations de métro par exemple ) chacun s'ingéniant à laisser le plus grand nombre de " cartes de visite" dans des endroits aussi nombreux et dispersés que possible. Puis les tags et grafs devinrent de plus en plus grands, élaborés, et la peinture aérosol a vite remplacé marqueurs et feutres.
Dans les années 80, nombre de tageurs et graffeurs furent récupérés par les marchands d'art et on vit apparaître les premières expos " d'art graffiti".
Progressivement, tags et grafs se sont insérés, et on les trouve ornant les enseignes de magasins, les murs de restaurants, de thêatre, de centres culturels...


Néanmoins il reste cette scission entre les tags et graffitis de la "rue" (libres et sauvages) et ceux des galeries et autres organes officiels que certains perçoivent comme détournés et dévoyés.

Tageurs et graffeurs sont souvent perçus par ceux pour qui les tags et grafs sont des actes de vandalismes comme des marginaux voire des déviants. En réalité ce sont bien souvent des jeunes qui ne font qu' exprimer leurs sentiments par l'intermédiaire des murs, des artistes en mal d'espace d'expression artistique et qui cherchent en utilisant ce type de support une reconnaissance à leur créativité. Ils agissent dans l'anonymat ce qui semble contradictoire avec ce besoin de reconnaissance sociale de leurs capacités artistiques. Les murs dans leur culture sont faits pour être exploités.

Contrairement à la pensée populaire, écrire sur les murs ne correspond pas à un appel à l' aide, mais à une façon très explicite de s' affirmer, de se revendiquer en tant qu' être libre. Faire partie du mouvement des graffitis ne veut pas dire être exclu socialement, il s' agit juste d' une façon différente du reste du monde de s' affirmer et d' exprimer ses opinions et ses idéologies ( voir en pièce jointe quelques slogans de Mai 1968 tagés sur les murs de Paris )dans une société où la marchandisation de l'espace public via les panneaux publicitaires étouffe le droit de tout un chacun à l'expression et notamment à l'expression artistique.

Face à la prolifétation intempestive des panneaux publicitaires qui impose sa vision marchande du monde et de notre espace de vie, imaginons cet espace avec des panneaux de libre expression mis à disposition de tous les citoyens, les uns pour écrire des messages aux voisins du quartier, des annonces d'activités associatives et invitations à y participer, d'autres pour tager, dessiner, peindre sur des supports amovibles, et qui serviraient de base à des expositions d'art populaire, tournantes dans les quartiers, les villes...

Imaginons ces lieux de rencontres non point furtives, dans la pénombre, mais en pleine lumière dans une société éclairée par un souci constant et premier celui du plein épanouissement de ses citoyens dans la légalité et l'égalité.

0 Comments:
Enregistrer un commentaire
<< Home